L'Archipel Crozet appartient à la province phytogéographique de Kerguelen qui
comprend également les Iles Marion et Heard.
La flore vasculaire de l'Ile de la Possession est relativement pauvre et
comprend 24 espèces autochtones dont 2 lycopodes et 4 fougères. Parmi les 18
spermaphytes, 15 sont considérées comme typiques des îles de haute latitude sud.
Ptéridophytes :
Blechnum penna-marina
Hymenophyllum peltatum
Lycopodium magellanicum
Lycopodium saururus
Polypodium magellanicum
Polystichum marionense
Spermaphytes-Angiospermes :
Apiacées |
 Azorella selago
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Astéracées |
Cotula plumosa |
Brassicacées |
Pringlea antiscorbutica (Chou de Kerguelen) -- Endémique |
Callitrichacées |
Callitriche palustris |
Caryophyllacées |
Colobanthus kerguelensis -- Endémique |
Crassulacées |
Crassula moschata |
Cypéracées |
Uncinia compacta |
Joncacées |
Juncus scheuchzerioides |
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Juncus pusillus |
Poacées |
Agrostis magellanica |
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Deschampsia antarctica |
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 Poa cookii -- Endémique
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Portulacacées |
Montia fontana |
Renonculacées |
Ranunculus biternatus |
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Ranunculus moseleyi -- Endémique |
Rosacées |
 Acaena magellanica
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Rubiacées |
Galium antarcticum |
Scrophulariacées |
Limosella australis |
Face à ce très faible nombre d'espèces vasculaires autochtones, les mousses et
lichens sont les véritables maîtres des lieux. On en compte plusieurs centaines.
L'île ne possède aucun arbre ou arbuste si ce n'est un pommier dans la serre de
la base.
Parmi toutes ces plantes, le Chou de Kerguelen est sûrement le plus connu dans
les îles subantarctiques. Il a en effet sauvé plusieurs naufragés du scorbut.
La végétation est bien présente sur toute la côte jusqu'à 150 mètres d'altitude.
Le long des pentes, on trouve des landes à Blechnum associé à l'Acaena et au
Chou de Kerguelen.
Dans les vallées, les zones marécageuses sont couvertes de mousses très
fragiles.
A partir de 150 mètres d'altitude, l'action du vent et de certains caractères
pédologiques (déficience en azote, instabilité du sol...) interdisent le
développement de la plupart des plantes vasculaires. Le tapis herbacé fait alors
place à un paysage rocailleux ouvert où l'on peut trouver quelques touffes
d'Agrostis magellanica et des coussinets d'Azorelle. On peut retrouver des
individus jusqu'à plus de 700 mètres d'altitude. Au-dessus, seuls subsistent des
mousses et des lichens.
Sur la Base Alfred Faure, la végétation est bien différente. Depuis
l'établissement de la base, le nombre d'espèces végétales introduites n'a cessé
d'augmenter. On en dénombre actuellement une soixantaine mais seulement 10
espèces arrivent à coloniser l'extérieur de la base :
Deux céraistes (Cerastium fontanum et C. glomeratum), un petit jonc (Juncus
bufonius), deux graminées (Poa annua et P. pratensis), la petite oseille (Rumex
acetosella) et une petite caryophyllacée (Sagina procumbens) ont largement
envahi toute l'île.
Des pissenlits (Taraxacum erythrospermum et T. officinale) et une stellaire
(Stellaria alsine) sont encore retreints à un petit périmètre aux abords de la
base.

Stellaire
La stellaire est la plus "agressive" des plantes introduites. Elle forme des
taches monospécifiques excluant les plantes autochtones.
Les autres plantes introduites présentent moins de risques pour la flore
autochtone car elles doivent avant tout survivre aux conditions climatiques.
Toutefois, un réchauffement de quelques degrés permettrait à ces plantes de
boucler leur cycle de reproduction et de produire une plus grande quantité de
graines. Leur pouvoir de dissémination serait alors plus important et pourrait
devenir problématique.
Mathieu Gracia, Biosol 38ème