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  • Manchots et gorfous

    Tout le monde confond allègrement pingouin et manchot en France, pourquoi?

    Le pingouin est un alcidé (famille d'oiseaux comprenant les macareux bretons par exemple) qui niche dans le nord de l'Europe. Les pingouins actuels volent tous. La confusion vient du fait qu'il existait encore au siècle dernier un pingouin qui ne pouvait pas voler et qui depuis a été exterminé. Ainsi, lorsque les marins virent pour la première fois les manchots de l'hémispère sud, ils ne manquèrent pas de voir de nombreuses analogies entre les manchots et les pingouins. Ils les appelèrent pingouins et les récits qu'ils firent de leurs voyages popularisèrent ce nom. C'est aussi pour cette raison qu'une des îles de l'archipel se nomme l'île des Pingouins alors qu'il n'y a pas de pingouins à moins de 12000 km de là. Les Anglosaxons consacrèrent alors le mot "penguin" à nos manchots, et nommèrent nos pingouins "auk". En France, il en fut autrement. A l'époque, le biologiste Buffon nomme ou renomme toutes les espèces qu'on inventorie et cherche une classification à tous les êtres vivants. Aussi, selon lui, ce nouvel oiseau qui est de la famille de sphéniscidés ne doit pas être appelé par le nom d'un alcidé. En effet, les pingouins n'ont aucun lien de parenté et c'est le milieu dans lequel ils vivent qui a fait qu'au cours de leur évolution ils ont abouti à une morphologie et écologie très proche. Buffon nomme alors les "pingouins de l'hémisphère sud dont parlent les marins" manchots parce que leurs ailes se sont transformées en ailerons beaucoup plus petits. A partir de ce moment, il y eu deux noms pour la même famille d'oiseaux: "pingouin" dit le commun des mortels français "manchot" et "gorfous" (pour certains manchots) disent les scientifiques, et cela bien qu'en anglais et en espagnol "penguin" et "pingüino" se sont imposés dans le monde scientifique.

    Qui sont les manchots?

    La famille des sphéniscidés regroupe entre 15 et 17 espèces de manchots (les spécialistes ne sont pas d'accord entre eux). Toutes les espèces de manchots ont une posture dressée et leurs ailes se sont transformées au cours de leur évolution en ailerons comparables à ceux des Cétacés. Ils ont tous le ventre blanc et le dos sombre, c'est leur camouflage pour échapper aux prédateurs: en effet, lorsqu'ils plongent, le dos sombre se confond vu du dessus avec la mer et le ventre clair se confond avec la surface vu du dessous. Les marques qui les distinguent d'une espèce à l'autre sont situées sur la tête.


    Manchot royal

    Manchot papou



    Gorfou sauteur

    Gorfou macaroni


    Voici les têtes des quatres espèces de manchots nichant à Crozet. Les manchots royaux et papous ont des taches sur les côtés de la tête. Les gorfous sauteurs et macaronis ont pour leur part des aigrettes jaunes.

    Mises à part ses caractéristiques communes, la famille des sphéniscidés est divisée en 6 genres:

    • Aptenodytes (manchots royal et empereur)
    • Pygoscelis (manchots papou, adélie et manchot à jugulaire)
    • Megadyptes (manchot à oeil jaune uniquement)
    • Eudyptula (différentes (sous-)espèces manchots pygmées)
    • Sphéniscus (manchots du cap, de Humbolt, de Magellen et des Galapagos)
    • Eudyptes (tous les gorfous: gorfous sauteur, macaroni, de Sclater, de Nouvelle-Zélande, de Schlegel et gorfou de l'île de Snare)

    Et cette famille présente des disparités importantes. Les manchots vivent entre l'équateur où nichent les manchots des Galapagos et l'Antarctique, mais il n'y a pas de manchots dans l'hémisphère nord. Le manchot pygmée pèse 1,2 Kg alors que le manchot empereur peut atteindre 40 Kg. Les colonies de manchots royaux peuvent atteindre 3 millions d'individus alors que le manchot à oeil jaune vit en couple. Leur habitat aussi est très varié: banquise, plage de sable, éboulis, herbe...
    (Voir la vie des manchots et gorfous crozétiens)

    Albatros, pétrels, skuas ...

    Terres inhospitalières pour les navigateurs des siècles derniers, les îles CROZET sont depuis des millénaires le royaume des oiseaux marins. A peine plus gros qu’un merle ou d’une envergure dépassant nos plus grands basketteurs, ces êtres remarquables défient les éléments naturels avec une rare insolence. Evoluant dans les profondeurs de l’Océan Indien ou au cœur des " 40e rugissants ", ils nous convient à un fabuleux voyage dans cet archipel du bout du monde où l’histoire n’est faite que de tempêtes et de naufrages.

     

    De la Possession aux Cochons en passant par les Apôtres, les Pingouins et l’île de l’Est, on dénombre en période de reproduction jusqu’à 25 millions d’individus toutes espèces confondues. Peu d’endroits au monde connaissent une telle densité d’êtres vivants.

    Après les manchots et leur univers aquatique, nous allons désormais partir à la rencontre des autres espèces présentes sur l’île de la Possession, en commençant par la plus impressionnante à savoir : l’Albatros hurleur.

     

    L’Albatros hurleur ou Grand albatros

     

    L’Albatros hurleur fait bien entendu partie du règne animal. Il appartient à l’embranchement des Vertébrés, à la classe des Oiseaux et à l’ordre des Procellariiformes qui contient lui même 4 familles regroupant 23 genres. La famille des Diomédéidés comprenant l’ensemble des albatros se divise en 2 genres regroupant 14 espèces. Le genre Diomedea comporte 11 espèces. Diomedea exulans est le nom scientifique de notre Grand albatros.

    Les Diomédéidés se distinguent des autres familles par les tubes nasaux placés de part et d’autre du culminicorne. Les Procellariidés ainsi que les Océanitidés ne possèdent qu’un seul tube nasal situé sur le sommet du culminicorne. Quant au bec des Pélécanoïdidés, il est pourvu de deux tubes nasaux qui s’ouvrent vers le haut et non vers l’avant comme c’était le cas chez les deux familles précédemment citées.

     

    1 Tube nasal

    2 Culminicorne

    3 Onglet de la maxille (crochet)

    4 Latéricorne

    5 Onglet de la mandibule

    6 Ramicorne

     

    Le mot " albatros " provient du portugais alcatraz issu lui même de l’arabe al gattas qui désigne un " aigle " marin. Il est en effet possible que la majesté avec laquelle évoluent ce "maître du vent" nous évoque celle des rapaces de nos montagnes.

     

    D’un point de vue morphologique l’identification de cet oiseau est assez aisée. D’une part, il mesure entre 100 et 140 cm de long pour une envergure allant de 250 à 350 cm et d’autre part, la coloration de son plumage est caractéristique. Il ne peut être confondu qu’avec l’Albatros royal dont l’étendue du blanc du dessus des ailes est le seul critère de distinction lors d’une observation à distance.

    Chez l’Albatros hurleur il existe un dimorphisme sexuel relativement bien marqué. Généralement plus petite que le mâle, la femelle est moins blanche sur le dessus des ailes et porte des marques brunes ou grises à la tête, au corps et à la queue. Chez les deux sexes, le bec et les pattes sont d’un rose plus ou moins pâle.

     

    Déployant ses 3 mètres d’envergure, l’Albatros hurleur ou Grand albatros plane au dessus des mers australes avec une facilité déconcertante. Un ensemble de tendons lui permet de maintenir les ailes ouvertes sans effort musculaire. La dépense d’énergie est donc très faible et notre géant peut parcourir des milliers de kilomètres sans difficulté à la recherche de sa nourriture.

     

    Les Albatros se nourrissent principalement de céphalopodes et de poissons qu’ils pêchent en surface ou en plongée peu profonde à l’aide de leur bec muni d’un crochet. Celui-ci permet d’éviter la perte de ces proies très glissantes. Plus rarement ils capturent des crustacés et ont parfois des mœurs de charognards. Comme les rapaces, ils régurgitent régulièrement les parties dures des proies qu’ils n’ont pas pu digérer. On retrouve ainsi de nombreux becs de calmars à proximité des nids, en période de reproduction.

     

    L’Albatros hurleur est une espèce monogame qui effectue tout son cycle de reproduction à terre. Les couples, unis à vie, se forment après plusieurs années de parades nuptiales. Celles-ci sont à la fois spectaculaires et complexes. Elles comprennent tout une série de cris, comme par exemple le hennissement du mâle, et de rites gestuels : claquements de bec, papouilles…

     

    Après son premier envol, le jeune albatros va passer plusieurs années en mer (jusqu’à 7 ou 8 ans) sans jamais revenir à terre. C’est au grès des vents et des courants qu’il va employer tout son temps à chercher sa nourriture et progressivement devenir adulte. Puis vient enfin le moment où il ressent le besoin de se trouver une partenaire. Il retourne donc dans sa colonie d’origine et entame tout un rituel afin de trouver l’élue de son cœur. Une fois que les partenaires se sont trouvés il faut encore 3 ou 4 ans avant que ne se produisent les premiers accouplements.

     

    Chaque couple ne pond qu’un seul œuf au cours du mois de décembre. L’incubation dure environ 3 mois. Durant cette période les adultes se relaient sur le nid tous les 10 jours en moyenne. Cela leur permet d’aller s’alimenter en mer à tour de rôle. C’est en mars que les premières éclosions ont lieu. Les poussins sont alors gardés pendant encore plusieurs semaines durant lesquelles les parents alternent voyages courts (environ 3 jours), afin d’acquérir les ressources nécessaires au poussin, et voyages longs (environ 10 jours) davantage destinés à reconstituer leurs réserves.

     

    Puis le poussin acquière son indépendance thermique et peut désormais rester seul sur le nid (vers le mois de juin). Les parents continuent le nourrissage pendant tout l’hiver austral. A la fin du mois d’octobre les poussins pèsent près de 15 kg. Les adultes cessent alors l’approvisionnement mais le jeune étant trop lourd pour prendre son envol, il devra attendre et jeûner plusieurs semaines avant de quitter enfin la colonie (au cours du mois de novembre). Ses parents ne recommenceront à se reproduire que dans un an tandis que lui passera plusieurs années en mer avant de revenir à son tour sur la colonie et le cycle reprendra de plus belle.

     

    A Crozet…

     

    Des chercheurs ont montré que les zones d’alimentation entre les mâles et les femelles variaient très nettement. En effet alors que les mâles s’alimentent préférentiellement dans les eaux antarctiques, les femelles se dirigent davantage vers les eaux subtropicales. Durant les années 60-70 un important déclin de la population de Crozet a été observé. Les femelles étaient touchées en priorité, ce qui a considérablement diminué le taux de reproduction de la population. Une des causes de ce déclin s’expliquait par la présence de nombreux navires de pêche à la palangre dans le secteur subtropical. Les femelles attirées par les appâts accrochés aux hameçons des longues lignes de ces navires, se retrouvaient prises au piège et mouraient noyées. Grâce à des mesures de protection mises en place récemment, la population croît de nouveau sur les îles de l’archipel Crozet.

     

    Les autres espèces

     

    L'archipel Crozet est connu pour être la plus grande réserve naturelle d'oiseaux au monde. On le surnomme d'ailleurs "l'archipel aux 25 millions d'oiseaux". On trouve par exemple la plus grande colonie de manchots royaux au monde. Elle se situe sur l’île aux cochons et compte plus d’un million d’individus. Ces îles sont essentiellement habitées par des oiseaux marins toutefois on trouve une espèce qui reste en permanence à terre, il s’agit du petit Chionis (ou bec en fourreau). Ce petit oiseau tout blanc est avant tout un opportuniste puisqu’ils se nourrit aussi bien de cadavres que d’excréments ou d’œufs abandonnés. A l’occasion il n’hésite pas non plus à venir nous picorer les bottes : petit mais peur de rien… Parmi les autres espèces rencontrées on trouve aussi bien des canards, des cormorans et des goélands que des pétrels, des skuas et des sternes. Leur alimentation se base essentiellement sur des produits de la mer (poissons, krill, calmars…) mais quelques espèces (pétrels géants, skuas, goélands) s’élèvent au rang de prédateur attaquant d’autres adultes plus faibles, des poussins ou des œufs abandonnés. Le détail de leur cycle de reproduction est présenté au paragraphe précédent.


    Mammifères marins

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Dernières modifications effectuées le 14 Octobre 2001